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Pour un accès de toutes et tous à une eau potable de qualité
La qualité de l’eau potable en France est menacée par de nombreuses activités humaines polluantes notamment l’utilisation intensive de pesticides et d’engrais de synthèse ainsi que différentes pollutions industrielles. Face à cette situation préoccupante, il est impératif d’agir pour garantir à toutes et tous une eau potable saine et de qualité. D’après les bilans de la qualité de l’eau au robinet du ministère de la Santé et le bilan environnemental de la France, 16,97 millions de personnes ont été alimentées au moins une fois dans l’année 2023 à de l’eau non conforme aux limites de qualité vis-à-vis des pesticides et près de 4600 captages d’eau potable ont été fermés depuis 1980, dont 89 en 2023, pour des raisons de qualité.
Nous, signataires de cette pétition, demandons des mesures urgentes et concrètes pour améliorer la surveillance, la protection et la gestion de l’eau potable en France.
1. Pour une surveillance renforcée
Nous demandons une surveillance accrue de la qualité de l’eau potable.
A titre d’exemple, la liste des métabolites de pesticides surveillés nationalement et localement doit être élargie. Dans un rapport du 15 octobre 2024, Générations Futures a identifié, d’après les dossiers d’homologations de pesticides, 56 métabolites à risque de dépasser la norme pour l’eau potable n’ayant fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines ou l’eau potable. Parmi cette liste de métabolites qui ne sont pas encore surveillés figure le TFA (acide trifluoroacétique), qui est également un PFAS, alors qu’il s’agit du métabolite et du PFAS sans doute le plus présent dans notre eau.
La transparence des résultats de toutes les analyses doit également être assurée, permettant ainsi aux citoyens et citoyennes de prendre facilement connaissance de la qualité de l’eau. L’exemple le plus parlant est le cas du chlorure de vinyle monomère (CVM) dont les données ne sont pas systématiquement remontées.
2. Pour une protection à la source
La protection de notre ressource en eau nécessite une approche systémique et préventive visant à réduire les contaminations à la source.
Nous appelons à la mise en place d’une politique proactive qui encadre les activités dans les aires d’alimentation de captage et accompagne les acteurs dans leurs changements de pratiques et la reconception de leurs systèmes de production.
Cela inclut :
- Une mise en œuvre ambitieuse et efficace de la stratégie Ecophyto, fixant un objectif de réduction de l’utilisation de 50% des pesticides d’ici à 2030, décliné territorialement, et dont les progrès doivent être évalués avec des indicateurs robustes, dont le NODU.
- Le soutien à des pratiques moins chimiquement intensives et dépendantes aux pesticides et engrais de synthèse, en premier lieu desquelles l’agriculture biologique.
- Une surveillance pérenne et une réduction de l’ensemble des émissions industrielles.
L’Etat doit se donner les moyens d’atteindre ces objectifs et d’apporter un soutien humain, technique et financier conditionné à l’atteinte de résultats pour accélérer cette transition, garantissant ainsi une meilleure qualité de l’eau tout en préservant les milieux ainsi que les activités économiques.
Cette action doit permettre de garantir une protection durable de la ressource en eau potable et de réduire les coûts liés au traitement des polluants. Par exemple, le journal Le Monde a estimé à 12 milliards d’euros par an le coût lié au traitement des PFAS, les “polluants éternels”, en particulier de l’un d’entre eux : le TFA. Or, comme le note le rapport de trois inspections ministérielles datant de juin 2024 “le financement du coût de traitement des pollutions pour produire des EDCH respectant les limites de qualité est assuré avant tout par les consommateurs au travers de la facture d’eau payée à la PRPDE* ou à son délégataire.”
3. Pour une gestion transparente et fondée sur la santé
Enfin, il est crucial d’améliorer la gestion des cas de non-conformité et des cas de dépassement des valeurs et recommandations sanitaires.
Dans le cas de pollutions historiques et/ou persistantes, la mise en place de mesures curatives devra s’avérer nécessaire et impliquera la mise en place de systèmes de traitement plus performants. Leur coût devra être assumé en suivant le principe pollueur-payeur. Elles ne doivent pas signifier l’abandon de toute démarche préventive. Bien au contraire, au regard de l’effet cocktail toute dégradation supplémentaire de la qualité de l’eau par d’autres substances doit être évitée.
Une communication transparente et efficace est essentielle pour garantir la confiance des consommateurs et leur permettre de prendre des décisions éclairées concernant leur santé et leur sécurité.
Cela passe par une meilleure information des personnes affectées et la diffusion rapide des recommandations sanitaires aux usagers en cas de non-conformité et de dépassement de valeur ou de recommandation sanitaire.
L’Etat doit établir des protocoles exigeants sur les mesures à prendre en cas de dépassement de limite de qualité ou sanitaire ainsi qu’en matière d’information du public sur les risques potentiels et les comportements à adopter afin de fournir un cadre clair et cohérent à l’échelle nationale pour l’ensemble des acteurs de l’eau. Ces protocoles doivent notamment s’appuyer sur les recommandations d’experts, dont les avis du Haut Conseil de la Santé Publique ainsi que les rapports d’inspections ministérielles.
Nous, signataires de cette pétition, appelons les autorités compétentes à prendre des mesures immédiates pour améliorer la surveillance, la protection et la gestion de l’eau potable en France. Il en va de notre santé, de notre environnement et de notre avenir commun. Ensemble, agissons pour une eau potable de qualité pour toutes et tous !
* PRPDE : personne responsable de la production et distribution de l’eau